Les Petits Frères des Pauvres ont réagi tout au long de l’année sur les sujets liés aux personnes âgées. L’année a démarré avec les vœux de l’Association pour construire une société plus fraternelle avec ses aînés. C’est sous forme d’annonce presse que le grand public a été sensibilisé aux défis de demain :
Réforme des retraites : l’alerte des Petits Frères des Pauvres
En février 2023, s’ouvraient les débats sur la réforme de la retraite à l’Assemblée nationale. Les Petits Frères des Pauvres ont pointé plusieurs impacts du projet de loi pour les seniors, les solidarités entre générations mais aussi l’engagement bénévole.
Un risque accru d’appauvrissement des séniors
Les Petits Frères des Pauvres ont d’abord regretté que le projet de réforme ne propose pas un plan d’envergure pour l’emploi des salariés âgés, alors que le taux d’emploi des 55-64 ans, même s’il a fortement progressé en 20 ans, n’est que de 56 % en 2021, avec un taux d’emploi plus faible chez les femmes (source : DARES).
Sans des mesures fortes pour favoriser l’emploi des salariés les plus âgés jusqu’à leur retraite, le risque est de voir exploser, avec le report de l’âge légal, les « NER » (seniors sans emploi ni retraite) dont le nombre était en 2015, selon la Drees, de 1,4 million de personnes âgées de 53 à 69 ans, en majorité des femmes, et dont 1 /3 vivent sous le seuil de pauvreté.
un risque d’affaiblissement des solidarités intergénérationnelles
Les Petits Frères des Pauvres ont également fait part de leur inquiétude concernant la mise à mal des solidarités intergénérationnelles et du maintien du lien social qui risque d’être générée par le projet de réforme.
Dans une société en pleine transition démographique où on ne vit plus forcément en toute proximité de ses proches âgés, la réforme risque aussi d’impacter, les relations des 60-64 ans avec leurs propres parents qui sont dans le Grand Age ou le très Grand Age, avec des besoins d’aide ou de soutien accru et un risque d’isolement relationnel plus important pour les aînés.
un impact non négligeable sur l’engagement bénévole
Depuis deux ans, on constate dans de nombreuses associations, une réelle difficulté à trouver des bénévoles. De plus, alors que les femmes représentent près de 60 % des bénévoles dans les domaines du social, du caritatif et de l’humanitaire ou de 68 % dans l’éducation et la formation avec notamment une forte présence dans le soutien scolaire (Etude CNCRESS/LEMNA « Genre et bénévolat » juin 2020), les Petits Frères des Pauvres s’inquiètent que la réforme puisse fragiliser encore plus et mette à mal l’immense travail de cohésion sociale et de solidarité mené par l’ensemble du secteur associatif grâce à l’engagement bénévole. D’autant que les bénévoles retraités incarnent véritablement la force vive des associations. En 2013, une étude France Bénévolat-IFOP-Crédit Mutuel montrait que 36 % des plus de 65 ans sont bénévoles dans une association.
Les Tribunes Petits Frères des Pauvres en 2023
En février, dans Le Monde, Yann Lasnier et Alain Villez ont réagi à l’âge du départ à la retraite, en craignant notamment un impact sur la baisse de bénévoles dans les associations.
En juin, toujours dans Le Monde, Yann Lasnier et Alain Villez ont pris la parole sur le plan canicule du gouvernement, 20 ans après la canicule meurtrière de 2003.
Fin octobre, dans Ouest France, Anne Géneau et Yann Lasnier ont préconisé de mener une vraie politique de maintien des salariés seniors dans l’emploi, en lien avec le rapport de l’Association sur les liens entre générations.
Enfin, fin novembre dans Le Monde, Yann Lasnier a réagi sur la stratégie pour le Grand Age présentée par Aurore Bergé, ministre des Solidarités de l’époque.
L’année 2022 s’est conclue par un énième « drame de la solitude », comme l’intitulent certains médias. Le 31 décembre, en Nouvelle Aquitaine, une femme de 75 ans a été retrouvée chez elle 3 ans après son décès. En janvier 2023, et pour la première fois, l’association a dressé le bilan 2022 de ces morts solitaires (qu’elle recense chaque année grâce aux rubriques faits divers de la presse locale, en l’absence de statistiques). C’est la conséquence tragique de l’isolement croissant des personnes âgées, tout particulièrement de celles en situation de « mort sociale », sans liens avec famille, amis, voisinage ou tissu associatif.
Au total, 14 cas ont été médiatisés dans toute la France mais les Petits Frères des Pauvres redoutent que la réalité soit bien plus alarmante. On ne peut plus se contenter de l’émotion suscitée par un tel drame. Pouvons-nous continuer à être les lecteurs passifs de quelques lignes qui confessent toute l’inhumanité qu’endurent nos aînés les plus isolés et les plus démunis ? Terribles révélateurs de l’appauvrissement des liens sociaux, ces morts solitaires viennent questionner notre vivre-ensemble, la fraternité que nous appelons de nos vœux et interrogent également nos politiques à l’égard des personnes âgées et nos institutions.
Il est urgent de mettre en place des solutions pour maintenir ou restaurer le lien social avec les aînés les plus isolés et prévenir ces morts indignes, solitaires et invisibles.